
Quand la fiction frappe juste
- Isabelle Lefebvre
- 25 avr.
- 2 min de lecture
Certaines séries ne se contentent pas de divertir. Elles nous obligent à regarder ce qu’on préfère éviter. Empathie, la nouvelle série coup de poing de Florence Longpré, en est un exemple percutant.
On y suit, sans filtre, la réalité d’un hôpital psychiatrique. Les patients, les soignants. Le désarroi, la tendresse, le chaos parfois. Et surtout, une humanité qui traverse tout.
Pourquoi en parler ici, dans une section Affaires ? Parce que la santé mentale concerne tout le monde.
Employés, gestionnaires, entrepreneurs. Dans nos vies professionnelles aussi, il y a des tempêtes silencieuses.
Selon Statistique Canada, en avril 2023, plus de 4,1 millions de personnes en emploi (21,2 %) ont déclaré éprouver des niveaux de stress liés au travail élevés ou très élevés. Les principales causes étaient une lourde charge de travail (23,7 %) et la difficulté à concilier travail et vie personnelle (15,7 %).
Par ailleurs, une étude de l’Agence de la santé publique du Canada, menée de septembre à décembre 2020, a révélé que 15 % des Canadiens ont obtenu un résultat positif au dépistage de symptômes de dépression et 13 % à celui de symptômes d’anxiété.
Espaces vulnérables
Des centaines de milliers de travailleurs vivent avec des enjeux de santé mentale en se taisant. Par peur de perdre leur emploi, de ne pas être pris au sérieux, d’être mis à l’écart.
Pourtant, plusieurs s’épanouissent autrement. L’entrepreneuriat devient parfois une voie d’adaptation, une façon de modeler sa réalité à son propre rythme, de rebâtir une forme d’équilibre. Mais ce ne devrait pas être la seule option.
Et si nos milieux de travail devenaient eux aussi des espaces adaptables ? Des lieux où il est possible d’exister pleinement, même avec ses vulnérabilités ?
Pour y arriver, il faut plus qu’un programme d’aide aux employés (PAE). Il faut des leaders prêts à écouter sans juger. Des pratiques de ressources humaines (RH) concrètes : horaires flexibles, communication empathique, droit à la pause, soutien au retour après un arrêt. Et surtout, un climat où l’on peut se nommer sans craindre d’être étiqueté.
« La santé mentale ne se voit pas toujours. Mais elle se vit. Chaque jour. Même entre deux réunions. Même chez les plus performants. »
Loin des clichés, Empathie nous rappelle que le courage, ce n’est pas de tout contrôler. C’est de se relever, d’oser demander de l’aide, et de bâtir – ensemble – des environnements de travail plus humains.
À retenir : cinq gestes concrets pour les milieux de travail :
Valoriser les conversations authentiques, au-delà des sondages anonymes.
Former les gestionnaires à la reconnaissance des signes de détresse (et quoi faire !).
Normaliser les ajustements de poste ou de rythme pour des raisons de santé mentale.
Inclure la santé mentale dans les politiques d’inclusion et de diversité.
Créer des espaces sûrs (virtuels ou physiques) pour se déposer, sans jugement.
Parce qu’au fond, il ne s’agit pas seulement de santé mentale. Il s’agit de dignité.
De la possibilité pour chacun – peu importe son titre, son rôle ou son état du moment – de contribuer à sa façon, dans un environnement qui ne demande pas de masquer ses failles pour être accepté.
Et si le vrai progrès organisationnel passait par là ?




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