Article #6 - Série Harcèlement au travail
- Isabelle Lefebvre
- 1 déc. 2024
- 4 min de lecture
Entrevue avec un intervenant du Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement au travail (GAIHST)
Dans le monde du travail, le harcèlement psychologique, sexuel ou discriminatoire peut toucher n’importe qui et a des effets dévastateurs sur les personnes concernées.
Malgré des lois et des mécanismes en place, de nombreuses victimes hésitent à dénoncer par peur de représailles ou de ne pas être prises au sérieux. Pour répondre à ce besoin de soutien, des organismes comme le Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement au travail (GAIHST) offrent un accompagnement essentiel.
Dans cette entrevue, Yann Morin, criminologue et intervenant au GAIHST, nous parle de la mission de l’organisme et partage des conseils précieux pour ceux et celles qui font face à cette difficile réalité. Découvrez comment le GAIHST aide les victimes à se sentir moins seules et à retrouver confiance dans leur parcours de rétablissement.
Entrevue avec Yann Morin, criminologue intervenant au Groupe d’aide et
d’information sur le harcèlement au travail (GAIHST)*
*Nom complet : Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement sexuel au travail de la province de Québec inc., mais aussi connu sous le nom de Groupe d’aide et d’information sur le harcèlement au travail.
Q : Yann, peux-tu nous expliquer comment le GAIHST aide les victimes à traverser ces
moments difficiles ?
Yann : Au GAIHST, notre mission est d’offrir du soutien aux personnes qui vivent ou qui
ont vécu du harcèlement psychologique, sexuel ou discriminatoire au travail.
Quand une personne nous contacte, nous commençons par lui offrir une écoute, sans jugement, pour qu’elle puisse exprimer tout ce qu’elle a vécu. Nous prenons aussi le temps d’expliquer nos services et donner des informations sur le harcèlement. On prend aussi le temps de discuter des options disponibles pour la personne, que ce soit de faire une plainte formelle, de rencontrer les ressources humaines ou d’envisager les prochaines étapes qui peuvent arriver, comme une médiation par exemple.
Ensuite, nous pouvons aussi soutenir la personne dans la préparation de sa version des faits ou de son formulaire de plainte. On offre aussi des activités de groupe comme des cafés-rencontres pour que les personnes puissent partager leur vécu dans une atmosphère
respectueuse. Si la personne a aussi des besoins qui dépassent ce que nous pouvons
offrir, comme obtenir accès à une psychothérapie, nos intervenant.es peuvent soutenir la personne dans la recherche d’une aide adaptée.
Le plus important, c’est de soutenir chaque personne pour qu’elle ne se sente pas seule dans tout ce processus et qu’elle puisse avoir le plus d'informations possible et ainsi, je l’espère, qu’elle se sente confiante dans son cheminement.
Q : Quelle est la première chose que tu conseillerais à une personne qui pense vivre du harcèlement au travail ?
Yann : La première chose, c’est absolument de ne pas rester seule dans la situation. Une
grande conséquence du harcèlement au travail est très souvent l’isolement. Il faut donc pouvoir en parler à quelqu’un, que ce soit un collègue de confiance, un membre de sa famille, un ami ou une ressource comme nous.
Ensuite, je conseille toujours de documenter tout ce qui se passe : date, heure, description des incidents, courriels ou messages. Ça peut faciliter les démarches par la suite, qu’elles soient auprès des ressources humaines ou lors d’une plainte auprès de la CNESST par exemple.
Finalement, selon le contexte, il peut être favorable d’informer la personne qui pose les gestes difficiles de notre non-consentement ou de dénoncer la situation à un gestionnaire si on pense être capable. Avant de prendre une décision, il est toujours bon d’en discuter avec une personne de confiance.
Q : Yann, comment les victimes peuvent-elles obtenir de l’aide via le GAIHST ou d’autres ressources similaires ?
Yann : Pour avoir accès à nos services, c’est simple. Il suffit de nous contacter
directement via notre site web ou par téléphone. Nous offrons des rencontres gratuites et confidentielles. Nous avons des intervenants et intervenantes qui peuvent
accompagner les personnes dans toutes les étapes : que ce soit pour les soutenir
moralement, les aider à documenter leur situation ou leur donner les informations
concernant les démarches juridiques.
Chaque cas est unique, et nous adaptons notre approche en fonction des besoins de la personne et du contexte. Il est aussi possible de trouver diverses autres ressources et organismes en référence, selon les besoins, sur notre site web. L’important, c’est de ne pas avoir peur de demander de l’aide et surtout
de ne pas rester seul.e.
Conclusion
En conclusion, les conseils de Yann Morin du GAIHST mettent en lumière l’importance
cruciale de créer un environnement de travail où les victimes de harcèlement se sentent en sécurité pour dénoncer et obtenir du soutien. Alors que les démarches juridiques et internes peuvent sembler longues et complexes, il est essentiel de rappeler que des ressources comme le GAIHST offrent un accompagnement précieux pour surmonter cette épreuve.
Ce type de soutien ne se limite pas à la protection juridique, mais comprend également une aide émotionnelle qui permet aux victimes de se reconstruire et de reprendre confiance en elles. Le chemin peut être difficile mais, avec l’appui adéquat, il est possible de retrouver un sentiment de justice et de sécurité au travail.




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