L’art du présentéisme
- Isabelle Lefebvre
- 17 mai
- 2 min de lecture
On parle souvent du coût du roulement de personnel. Du taux d’absentéisme. De la baisse de productivité.
On parle beaucoup moins d’un autre coût. Plus discret. Moins mesurable. Le présentéisme ou l’art de rester trop longtemps dans un rôle qui ne nous ressemble plus.
Et pourtant, c’est l’un des plus lourds à porter. Pour les personnes. Et pour les organisations.
Quand on s’éteint à petit feu
On ne démissionne pas du jour au lendemain. Souvent, on commence par s’éloigner de soi. On se dit: «C’est juste une mauvaise passe.»
On devient un peu plus irritable, un peu moins motivé. On travaille bien, mais sans y mettre autant de cœur qu’avant.
Et puis les impacts s’accumulent:
• On tourne les coins ronds.
• On prend du retard.
• On oublie ce qui nous passionnait.
• On rentre à la maison vidé, plus nerveux, plus fragile.
• On se déconnecte, de son équipe, de sa famille, de soi-même.
Ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas visible sur un rapport.Mais c’est là, et ça coûte cher.
Ce que ça coûte, concrètement
Pour les entreprises, une carrière désalignée finit souvent par se traduire par:
• un désengagement qui gruge l’ambiance d’équipe;
• une créativité en chute libre;
• une performance en dents de scie;
• un roulement évitable;
• ou un arrêt de travail, souvent trop tardif.
Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), les problèmes de santé mentale au travail, tels que la dépression et l’anxiété, sont associés à des taux élevés d’absentéisme et de présentéisme, ainsi qu’à un roulement important du personnel. Ces problèmes peuvent être exacerbés par des facteurs psychosociaux tels qu’une faible reconnaissance ou une autonomie limitée dans son rôle.
Reconnecter à ce qui fait du sens
Une carrière, ça se construit… mais ça se réajuste aussi. Et il n’est jamais trop tard pour réaligner ce qu’on fait avec qui on est.
Ce réalignement, c’est un investissement. Pas juste pour soi, mais pour tout l’écosystème autour: collègues, partenaires, proches, enfants.
Accompagner ses employés dans ce genre de réflexion, ce n’est pas «perdre un bon élément». C’est souvent la clé pour préserver ce bon élément, l’aider à se repositionner à l’interne avec plus d’impact, et éviter d’en faire fuir d’autres.
Et si on osait faire autrement?
• Et si les entreprises prenaient le temps d’explorer les signes de désalignement, avant que ça craque?
• Et si on valorisait les changements de cap comme des preuves de lucidité, pas comme des faiblesses?
• Et si on arrêtait d’attendre l’épuisement pour repenser le sens au travail?
Une carrière qui s’éteint en silence n’est pas une fatalité. C’est souvent un appel.
À se réinventer.
À réinvestir son potentiel.
À retrouver cette part de soi, qui a déjà cru au bonheur au travail.
Source:
Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Fiche 1-B – Indicateur : absentéisme maladie et présentéisme.
Repéré à : https://www.inspq.qc.ca




Commentaires